L’Australie a déréglementé son secteur du lait de consommation en 2000 alors que, simultanément, elle mettait fin au programme de soutien des revenus à la production de lait de transformation. Depuis, le secteur laitier australien ne fait l’objet d’aucun encadrement autre que les règles concernant la salubrité et la qualité. Cette étude visait à dresser un bilan des impacts de cette réforme sur la production, la transformation, l’exportation et le détail. Cette réforme, qui devait conduire à une réduction des prix à la consommation et une amélioration de la compétitivité du secteur laitier s’est plutôt traduite par une contraction de la production et des échanges et une augmentation de la volatilité des prix, sans bénéfices pour le consommateur.
Le secteur laitier australien fonctionne depuis juillet 2000 dans un environnement essentiellement déréglementé où les prix mondiaux sont les principaux déterminants du prix du lait reçu par les producteurs. La croissance ininterrompue de la production laitière, de 3,6 %/an en moyenne depuis le début des années 1980, s’est interrompue à partir de 2002 pour faire place à une décroissance de 1,6 %/an sur la période 2001-2010 et une stabilisation par la suite. Les volumes destinés à la transformation (dont le fromage et le beurre) ont diminué de 25 % et les exportations ont reculé de 30 %. Le secteur a par ailleurs connu une très forte consolidation avec la disparition de 3 fermes sur 4 entre 2000 et 2017.
Pendant cette même période, la volatilité des prix à la production et des revenus des exploitations a augmenté de manière importante. Le chiffre d’affaires moyen des entreprises laitières a augmenté de près de 100 % mais les revenus nets comptant ont diminué en termes réels. Les bénéfices d’exploitation ont légèrement augmenté en moyenne mais ont connu des variations beaucoup plus importantes qu’avant 2000.
Quant aux prix de détail des produits laitiers, après une brève diminution en 2001, ils ont augmenté plus rapidement en Australie que dans les autres économies laitières au cours de la période 20022010. La réforme n’a donc pas conduit à une diminution des prix pour les consommateurs. Les prix au détail du lait de consommation se sont mis à diminuer rapidement à partir de 2011 à la faveur d’une guerre de prix entre les deux grands détaillants en alimentation du pays, qui ont utilisé le lait comme produit d’appel. Cette diminution de prix n’est donc pas la résultante de la réforme mais des stratégies commerciales des détaillants en alimentation.